L’art comme langage commun : franchir les clivages par les Conviviales BloomTime

11/05/2025

À une époque où la société semble chaque jour plus fragmentée — entre générations, territoires, visions du monde, croyances ou appartenances — il devient de plus en plus difficile de faire émerger de véritables espaces de dialogue. Le débat public se durcit, les oppositions se radicalisent, les algorithmes nous enferment dans des bulles, et chacun finit par ne plus voir que ses semblables.

Dans ce contexte saturé de bruits et d'affrontements, une question essentielle revient : que nous reste-t-il pour faire société ? Que nous reste-t-il pour créer du commun ?

Il reste l'art.

C'est cette conviction qui fonde BloomTime : face à l'essoufflement des formes traditionnelles de débat, les arts peuvent réinventer la manière dont nous partageons idées, émotions et visions du monde. Non pas pour adoucir ou enjoliver la réalité, mais pour créer un autre type de lien — plus profond, plus horizontal, plus sensible. Cette conviction prend corps dans un dispositif unique : les Conviviales, ces rencontres conçues comme des croisements d'expériences, d'expressions artistiques et de récits de vie.

L'art ne rassemble pas par le consensus, mais par la résonance

Contrairement aux discours politiques ou aux débats d'experts, l'art ne cherche pas à convaincre. Il ne demande pas d'adhésion, il propose une expérience. Il donne à ressentir ce qui souvent ne peut pas encore se dire. En cela, il touche à l'universel tout en respectant les différences.

Une performance, une installation, un témoignage poétique ou une simple lecture de récit de vie peut, en quelques minutes, faire tomber des murs. Ce n'est pas tant le contenu qui compte que le déplacement qu'il provoque : l'inattendu, la surprise, le trouble, parfois. Et c'est précisément cette capacité à ouvrir des brèches — dans les certitudes, les postures ou les peurs — qui rend l'art si puissant dans une époque crispée.

Le sociologue Hartmut Rosa parle de "résonance" : ce moment rare où le monde cesse d'être muet, où quelque chose vibre en nous. Les Conviviales cherchent cela. Non une vérité commune, mais une vibration commune.

Des récits de vie comme matière première du dialogue

Les Conviviales BloomTime ne reposent pas seulement sur l'art tel qu'on l'entend habituellement — peinture, théâtre, musique. Elles mobilisent aussi ce que l'on pourrait appeler les arts de vivre : ces récits intimes, ces fragments d'expérience humaine, souvent invisibles dans le débat public. Qu'ils soient portés par un retraité, une infirmière, un entrepreneur ou un réfugié, ces récits — quand ils sont mis en forme, partagés, mis en écho avec des œuvres — deviennent des matériaux d'émancipation.

Walter Benjamin distinguait l'information, brève et périssable, du récit, porteur de sens et de mémoire. En remettant le récit au centre, BloomTime donne de la profondeur au présent, et redonne une voix à ceux qu'on n'entend pas.

L'art au service d'un projet de société

On ne construit pas un futur commun avec des tableurs Excel. On le construit avec des imaginaires. Les grandes mutations historiques ont toujours été accompagnées — voire précédées — par des révolutions esthétiques. De la Renaissance à l'avant-garde russe, des surréalistes aux collectifs actuels de l'art engagé, les artistes ont souvent été les premiers à nommer, à montrer, à proposer autre chose.

Aujourd'hui, à l'heure où la transition écologique, la crise démocratique ou les inégalités rendent toute projection incertaine, il ne suffit plus d'informer ou d'alerter. Il faut faire envie. Il faut redonner envie. Et cela, seuls les arts en ont encore la force. Comme le dit Cynthia Fleury, « la réparation du monde passe aussi par la beauté, la délicatesse, le soin des formes ».

Faire société autrement, par les arts

Les Conviviales ne prétendent pas résoudre les fractures. Mais elles les traversent autrement. Elles ne cherchent pas à pacifier les tensions, mais à leur offrir un autre terrain d'expression. Ce terrain, c'est celui de la sensibilité partagée.

Loin du bruit des clashs médiatiques ou du cloisonnement institutionnel, BloomTime expérimente une autre voie : celle d'une politique poétique, où l'art ne se contente pas d'illustrer les débats, mais en renouvelle les conditions.

En cela, les Conviviales sont plus qu'un format événementiel. Elles sont un manifeste : celui d'un XXIᵉ siècle qui ne se contentera pas de survivre, mais qui cherchera à vivre autrement, à créer du lien non par l'uniformité, mais par la résonance. Un siècle où l'imaginaire, loin d'être un luxe, deviendra une nécessité vitale.